L’eau
a été tellement précieuse
dans l’histoire des pays méditerranéens
qu’il ne pouvait être question de
la gaspiller ou de la perdre d’une quelconque
façon.
Et pourtant, dans le pays vençois, des
hommes ont construit autrefois un mur la drainant
jusqu’à une faille où le
précieux liquide disparaissait dans un
gouffre sans fond… |

Dans ce désert de calcaire karstique,
un mur isolé
[Cliquez
sur la photo pour l'agrandir]
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A l’extrémité
ouest du plateau de Saint Barnabé, on
peut observer un curieux mur à mi-pente
de la combe de Suy, l’un des bassins versants
d’alimentation des eaux s’écoulant
dans les gorges du Loup. Ce n’est pas
un mur de restanque pour soutenir des terres.
Ce n’est pas non plus un mur délimitant
deux territoires.
Cet endroit est l’exemple même du
relief karstique, avec la présence de
nombreuses failles dans lesquelles les précipitations
s’engouffrent pour rejoindre des réseaux
souterrains. |

Un endroit très fréquenté
autrefois
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Ce lieu est historiquement intéressant.
Le vieux village médiéval de Courmes,
caché sur un promontoire boisé
un peu au dessus du nouveau village, est tout
près. La colline située juste
en face du mur abrite une enceinte de l’âge
du fer.
Une meule antique en grés, utilisée
en réemploi, a été trouvée
dans la ferme en ruine située dans le
vallon, en contrebas. |

Le mur canal fait barrage à un petit
vallon naturel
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Le mur a une orientation est-ouest. Sa longueur
est d’environ 100 mètres, sa largeur
de 80 cm, sa hauteur d’un mètre
20.
Il présente une pente d’environ
10%. A double parement, il est fait de grosses
pierres calcaires. Sa partie arrière
n’a pas la moindre fonction de soutènement.
A son point haut, il obstrue complètement
un petit vallon prenant naissance sur le plateau
de Saint Barnabé. |

Un mur étanche
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Une portion du mur, qui s’est écroulée,
permet de constater que la partie centrale est
constituée d’un remplissage de
terre argileuse.
Le noyau central formait une barrière
étanche que les eaux de ruissellement
ne pouvaient traverser. Ces eaux étaient
forcées de suivre la pente du mur.
L’examen de cet ouvrage amène à
la conclusion que le mur avait été
construit pour servir exclusivement à
canaliser les eaux. Un mur-canal en quelque
sorte… |

L’entrée de l’eau au pied
du mur
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Le pignon terminal du mur est construit juste
à l’aplomb d’une faille naturelle.
Les eaux de ruissellement consécutives
aux intempéries, mais aussi en hiver
les eaux provenant de la fonte de la neige
amassée derrière le mur sont
drainées vers cette faille. Elles y
disparaissent pour rejoindre les réseaux
souterrains naturels du relief karstique. |

En contrebas du mur-canal,
la végétation est dense
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La récupération de l’eau,
après son périple souterrain de
plusieurs centaines de mètres s’effectuait
certainement dans un bassin naturel ou construit,
qui n’a pu être retrouvé.
Depuis des temps très anciens, l’homme
a vécu en cet endroit favorable au
développement de la vie pastorale et,
grâce à son ingéniosité,
a su récupérer l’eau en
utilisant les réseaux souterrains.
Le mur canal est un exemple d’aqueduc
rudimentaire, mais néanmoins très
efficace…..mais quand et par qui a-t-il
été construit ? |